Orange est-il en train de prendre possession du Web Français ?

Orange serait actuellement en phase de négociation pour entrer à hauteur de 30 à 50% dans le capital de Dailymotion, valorisant la société à hauteur de 200 millions d’euros. Après la prise de participation dans Deezer en juillet 2010 (Orange avait acquis 11% des parts), Orange poursuit sa marche en avant dans l’acquisition d’acteurs français du Web si bien que l’on peut se demander s’il s’agit d’une véritable stratégie d’entreprise ou d’un simple opportunisme ?

Orange a toujours affiché sa volonté d’utiliser le Web comme relais de croissance avec plus ou moins de succès. Le portail Orange.fr est l’exemple type du succès d’Orange sur le Web, le site se plaçant dans le top 5 des sites français les plus visités. Mais ce bon résultat est l’arbre qui cache la forêt. En effet, la place d’orange.fr s’explique surtout par la part d’abonnés Orange ADSL qui retrouvent le portail de l’opérateur en page d’accueil par défaut de leur navigateur, et par les autres abonnés ou prospects souhaitant se renseigner sur leur abonnement ou sur les offres. Ainsi, il est difficile de quantifier la véritable audience en propre du site.

Les autres initiatives de la marque auront à l’inverse eu beaucoup moins de succès, on peut citer quelques exemples comme wormee, bubbletop rebaptisé Djinngo, Pikéo ou récemment Vidéo Party. Tous ces sites n’ont pas réussi à trouver leur audience et leur résultat s’explique notamment par les renvois d’audience du portail Orange.fr vers ces sites.

Ainsi, il semblerait qu’Orange se soit résolu à basculer d’un modèle de croissance organique sur le Web à une stratégie de croissance externe, via des prises de participation de grands acteurs français du Web.

Ce mode de développement, bien que coûteux offre l’avantage de bénéficier d’une base d’audience établie, d’une légitimité de marque que le nom Orange ne véhicule pas forcément chez les internautes et de solutions « clé en main » qui permettent d’être fonctionnel très rapidement. En outre la prise de participation et non l’acquisition complète permet de limiter les risques tout en maintenant les équipes en place. Enfin, outre les revenus propres générés par les activités de ces sites, Orange semble vouloir créer des synergies avec ses propres offres. Ainsi Deezer a été intégré aux abonnements des clients mobiles, avec succès puisque plus de 500 000 abonnés y ont souscrit depuis le lancement de l’offre en Août 2010 (source Orange). On peut rappeler également le cas de Cityvox racheté en 2008 et qui est maintenant intégré à la chaîne « En ville » du portail Orange et à la chaîne cinéma sous la marque de sa filliale Cinéfil.

De la même manière, on peut facilement imaginer l’utilisation potentielle de Dailymotion dans l’offre d’Orange sur PC en complément de Vidéo Party mais aussi sur TV en complétant l’offre IPTV de l’opérateur par une consommation de contenus délinéarisés de vidéos courtes (Dailymotion est d’ailleurs déjà intégré au bouquet TV de SFR). Orange va également bénéficié du savoir-faire éditorial de Dailymotion pour la mise en avant de contenu et l’acquisition de contenus de qualité semi-professionel comme les webséries. Enfin, Orange pourra s’appuyer sur les infrastructures techniques déployées par Dailymotion pour délivrer de la vidéo en ligne.

On peut maintenant se demander où s’arrêtera Orange dans cette démarche et quelles pourraient être les prochaines cibles de l’opérateur ? Aujourd’hui, personne ne peut dire quel est le véritable modèle employé par Orange, mais les premiers succès rencontrés peuvent laisser penser à une généralisation du modèle. Néanmoins, les entreprises cibles se font de plus en plus rares et Orange devra certainement se tourner vers des acteurs locaux étrangers pour trouver de nouvelles opportunités. On peut cependant citer quelques exemples français qui pourraient attirer Orange comme Allociné en complément de l’offre cinéma d’Orange Cinéma Séries, des sites de blogging comme Skyrock blog ou over-blog (groupe TF1) pour développer les usages sociaux, des sites de contenus et d’information comme Wikio ou comment ça marche en complément du portail Orange.fr, voire pourquoi pas un acteur du e-commerce comme cdiscount (groupe casino) ou rue du commerce qui permettraient de faire de l’upsell et du cross-sell en vendant des produits high-tech en complément des abonnements (par ex. la vente de TV HD en complément de l’abonnement IPTV).

L’avenir nous dira  donc si Orange continue sa politique d’acquisition ou si les cas Deezer et Dailymotion ne sont que de simples opportunités pour Orange…

Serions-nous en train d’assister à la naissance du Hulu français de la presse ?

Cela est bien possible avec l’annonce aujourd’hui de la création du GIE E-Presse Premium en partenariat avec Orange.
Ce groupement rassemble les grands noms de la presse française (à l’exception du Monde) : Les Echos, Le Parisien/Aujourd’hui en France, L’Equipe, Le Figaro, Libération, L’Express, Le Nouvel Observateur et Le Point. Le GIE prévoit de lancer à l’horizon début 2011 une offre de contenu numérique sur Web, mobile et tablette, et agrégeant l’ensemble des titres de ces éditeurs.

La solution sera basée sur les plates-formes d’Orange : 24/24 Actu et son moteur de recherche multi-titres pour le Web, et Read&Go, le kiosque numérique d’Orange, sur mobile et tablette, qui rassemble déjà des titres de presse mais aussi des BD et des livres.
On retrouve donc bien ici cette logique d’agrégation de contenus entre éditeurs, sur le modèle initié par Hulu. En effet, les éditeurs français de la presse, plutôt que de se concurrencer en proposant chacun leur site, ont préféré s’associer pour faire face à la menace croissante d’acteurs indépendants et souvent américains (pour ne pas citer Google News), qui eux n’hésitent pas à agréger leurs contenus et à le proposer gratuitement aux internautes.

Les bénéfices attendus sont nombreux.

Du côté de l’audience, le fait de proposer des contenus agrégés sur une plate-forme unique permettra de gagner en visibilité et d’accroître le nombre de visiteurs uniques. De la même manière, les actions de communication online ou offline autour de la plate-forme seront mutualisées, et permettront de générer une audience pour tous les titres. La mise en commun des contenus permettra également de fidéliser l’audience qui pourra trouver au même endroit différents types de contenus d’actualité. Ce nouveau site permettra aussi d’augmenter la répétition d’usage en créant des rebonds entre les contenus par une navigation entre les titres et d’accéder à n’importe quel article depuis le moteur de recherche unique.

Côté monétisation, le bénéfice majeur est la mise en commun de l’audience individuel de chacun des sites et donc l’augmentation du potentiel de rémunération publicitaire. Ainsi, il sera plus intéressant pour un annonceur d’avoir interlocuteur unique et  d’être visible sur l’ensemble des titres plutôt que sur les versions individuelles de chacun d’eux. L’audience actuelle  représente tout de même un total de 16 millions de visiteurs uniques mensuels et de 785 millions de pages vues. Au-delà de la publicité, il est fort probable que des modèles de monétisation payants soient mis en place comme le paiement à l’unité de titres directement décompté sur la facture Orange, mais aussi des systèmes d’abonnement à un ou plusieurs titres ou à un ou plusieurs écrans (PC, mobile, tablette).

Restent maintenant deux questions : Est-ce que ce service signifiera la fermeture pure et simple de l’accès au contenu de ces sites pour Google News, malgré le bénéfice apporté par les renvois d’audience générés par le site de Google. D’autre part, que pensera l’autorité de la concurrence de cette entente qui peut être vue comme un frein à la concurrence et une barrière à l’entrée plus forte pour l’arrivée de nouveaux acteurs…

 

via : Silicon

Signature d’un partenariat entre Skype et Facebook

Nous parlions hier de l’opportunité pour Facebook de proposer une offre de VoIP lors de notre analyse des pistes de développement pour Facebook mobile, il semblerait que le réseau social se dirige effectivement dans cette voie!

En effet, le site AllThingsDigital rapporte la signature d’un accord entre Facebook et la plateforme de VoIP permettant pour l’instant de se connecter à Skype grâce à ses identifiants Facebook (via Facebook Connect). Nul doute que si cet accord se révèle fructueux, il est possible à terme que Facebook intègre directement les fonctionnalités de Skype dans son réseau social sur PC mais pourquoi pas aussi sur mobile !

Ce rapprochement fait évidemment sens lorsque l’on réfléchit à l’intérêt stratégique des 2 groupes.

Pour Skype, qui compte 560 millions d’utilisateurs inscrits (contre près de 500 millions pour Facebook) et près de 120 millions d’utilisateurs mensuel , l’arrivée de Facebook Connect va leur permettre d‘élargir encore leur base d’utilisateurs, notamment aux US où Skype est moins développé qu’en Europe. Mais cette alliance leur permettra également de faire face à l’arrivée de concurrents du Web et notamment Google et son service Google voice, qui vient récemment d’être intégré à Gmail.

Pour Facebook, qui vise à relier les gens via sa plateforme, l’objectif est de fournir un moyen de communication supplémentaire à ses utilisateurs. Ainsi la voix vient s’ajouter à l’ensemble des services de communication proposés sur Facebook comme la messagerie instantanée ou l’envoi de messages. Mais on peut imaginer à terme l’intérêt que Skype peut représenter dans le cas d’une intégration du service de VoIP sur la plateforme mobile de Facebook. Ainsi, il sera possible de communiquer  avec son réseau de PC à PC mais aussi de PC à mobile. On peut imaginer en allant plus loin que nos bon vieux numéros de téléphone soient remplacés un jour par nos identifiants Facebook ! (ce qui est déjà le cas sur Skype où on recherche aujourd’hui une personne par son nom, prénom ou identifiant). Enfin, il est intéressant de noter la logique de développement de Facebook qui privilégie les accords de partenariat plutôt que les développements en interne, ce qui a pour avantage notamment une plus grande rapidité pour le lancement du produit et l’utilisation de solutions éprouvées et fiables (mais qui a pour contre-partie majeure de ne pas être propriétaire de ses produits).

Néanmoins cet accord pose une autre question, celle de l’ouverture des réseaux. En effet, Skype et Facebook sont les 2 exemples les plus emblématiques de la fermeture sur internet (je n’oublie bien sur pas Apple ! :)). Ces deux services sont des réseaux propriétaires, ayant leur propre langage et leur propre condition d’utilisations, et n’affichant pas dans leur communication une grande volonté de s’ouvrir à l’extérieur. Si cet accord est un succès, on peut donc craindre une menace pour la logique fondatrice d’Internet : l’ouverture des réseaux et le partage du savoir…

via AllThingsDigital